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萬葉集17  Le Manyōshū en français

  • tontonhouse1955
  • 9月13日
  • 読了時間: 5分

Si vous voulez bien, je vous conseille de lire les originaux à haute voix.

Traduction:Hiroko H.

Correction : Erika T.

Photographies : Osamu K.

Illustrations : Ichibei I.

 

防人の歌 – Les poèmes des Sakimori (1)


Nous allons lire les poèmes des Sakimori, tirés du vingtième tome, le dernier volume du Manyōshū.Mais qu’est-ce que les Sakimori ?

Avant tout, permettez-moi de vous donner un aperçu du contexte. 


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La ligne côtière de l'île de Tsushima (対馬)


Qui sont les Sakimori ?


Le mot saki signifie « cap » et mori veut dire « défendre ». Les Sakimori étaient donc des soldats chargés de défendre les lignes côtières.

En 663, après la défaite de la bataille de Hakusonkō (白村江), l’empereur Tenchi (天智天皇), craignant une contre-attaque de la dynastie Tang (唐) de Chine, ordonna la construction de forteresses au cap de Tsukushi (筑紫).

Il décida également de recruter des soldats pour protéger la côte contre d’éventuelles attaques.


①    D’où venaient les Sakimori ? Et où allaient-ils ?


Les Sakimori venaient de plusieurs régions de l'Est : Suruga (駿河), Shinano (信濃), Sagami (相模), Awa (安房), Kamitsufusa (上総), Shimotsufusa (下総), Kai (甲斐), Hitachi (常陸), Kōzuke (上野), Shimotsuke (下野), Tōtōmi (遠江), et Musashi (武蔵).

Toutes ces régions étaient éloignées de Nara (奈良), la capitale de l’époque.


Un jour, un ordre de réquisition arrivait dans un village pour recruter des paysans âgés de 20 à 60 ans.Sous la conduite des fonctionnaires appelés Sakimori-no Kotorizukasa (防人の部領使), environ 1000 hommes étaient mobilisés chaque année.

 

Ils se rassemblaient au port de Naniwa (難波) et, quelques jours plus tard, embarquaient pour Tsukushi (筑紫).

Ils étaient ensuite répartis dans les forts côtiers, et même jusqu'à l'île de Tsushima (対馬).

 

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② Comment vivaient-ils, et quand pouvaient-ils rentrer ?

 

Les Sakimori accomplissaient des tâches militaires — la surveillance, l’entraînement, par exemple — mais, en même temps, ils devaient vivre en autarcie : cultiver des légumes, du riz, ou même pêcher pour se nourrir.

Après trois ans de service militaire, ils étaient autorisés à rentrer chez eux… mais par leurs propres moyens!La vie était extrêmement dure pour eux, et beaucoup de Sakimori ne purent jamais rentrer.

 

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Il cultivait toute la journée.

                              

③ Comment les poèmes ont-ils été enregistrés ?

 

Environ 90 ans s’étaient écoulés depuis la bataille de Hakusonkō.

En 755, Ōtomo no Yakamochi (大伴家持), le fils de Tabito (大伴旅人), avait alors environ 37 ans.

En tant que sous-secrétaire de l’Agence nationale de défense, il profita de cette occasion pour ordonner à ses subordonnés, les Kotori-zukasa (部領使), de collecter les poèmes des Sakimori.

Comme les Sakimori ne savaient ni lire ni écrire, les Kotori-zukasa retranscrivaient leurs paroles et les rapportaient à Yakamochi.

Ce dernier triait les poèmes, rejetait ceux qu’il jugeait de mauvaise qualité, conservait les autres, et les corrigeait légèrement, car les Sakimori parlaient avec un dialecte très marqué.

C’est ainsi que 112 poèmes furent rassemblés, dont 10 écrits par des femmes, un par un père, et 20 par Yakamochi lui-même.

 

④ De quel genre de poèmes s’agit-il ?

 

Les Sakimori étaient des paysans qui avaient une famille à charge.

Tout à coup, ils devaient poser leurs outils agricoles, prendre les armes, quitter leur région et partir pour un long et difficile voyage vers l’inconnu.Ils étaient naturellement très angoissés, ressentaient de la solitude et s’inquiétaient pour leur famille.

Ainsi, la plupart des poèmes sont des cris du cœur, souvent empreints de fatalisme.Cette fois, je vais vous présenter un poème de ce type : le 4356.

D’un autre côté, on trouve aussi quelques poèmes exprimant la bravoure et le courage, comme le poème 4373.


⑤ La fin du système des Sakimori et leurs poèmes


Finalement, la Chine n’a jamais attaqué le Japon.Malgré cela, le système des Sakimori a duré environ 200 ans.

Ils ont disparu au début du Xe siècle. Cependant, aucun nouveau poème n’a été enregistré après l’an 755.

Ōtomo no Yakamochi est le seul à avoir transmis les poèmes de soldats inconnus du VIIIe siècle au patrimoine littéraire mondial. N’est-ce pas magnifique ?

 

 

20-4356   物部乎刀良 (Mononobe-no Otora)

              駿河国 (originaire de Suruga)

Original

Waga haha no

Sode mochi nade te waga kara ni

Naki shi kokoro wo wasura e nu kamo

 

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Le fils devait quitter sa mère

 

Traduction

(Quand je suis parti au service militaire)

Ma mère pleurait en caressant ma manche.

Le cœur de ma mère, rempli de tristesse,

Je ne peux l’oublier.

 

仏訳の邦訳

(私が兵役に出発した時)

私の袖をなでながら母が泣いていた

悲しみでいっぱいだった母の心を

私は忘れられないのだ

 

Explication

Le poète du poème 4356 habitait à Kazusa (上総, aujourd’hui dans la préfecture de Chiba) et s’appelait Mononobe no Otora. Il avait sans doute environ 30 ans en 755, car son nom « Otora » est tiré de l’année de sa naissance, appelée « Tora-doshi » (寅年), soit l’année 726. Tora signifie « tigre ».

Otora était dans la force de l’âge, et sa mère comptait sûrement sur lui.Quand il fut convoqué, elle perdit non seulement son fils, mais aussi le pilier de la famille.

En chemin, Otora pensait à sa vieille mère et s’inquiétait pour elle.Pourrait-il rentrer chez elle ?

 

 

20-4373   今奉部与曾布 (Imamatsuribé-no Yosou)

   下野の国 (originaire de Shimotsuké)

 

Original  

Kyō yori wa

Kaerimi naku te

Ōkimi no shiko no mitate to ide tatu ware wa

 

Traduction

À partir d’aujourd’hui,

Je laisse ma famille derrière moi et ne me retournerai pas.

Moi, bien qu’impuissant, je serai le bouclier de mon empereur !

(Je m’engage dans l’armée)

 

邦訳

今日からはもう、

家のことは振り返るまい、

非力ながら私は、大君の御たてとなろう

(私は軍務につく)

                  

Explication

C’est un poème exprimant la bravoure.Le poète venait de Shimotsuke (下野, aujourd’hui dans la préfecture de Tochigi) et se nommait « Kachō », ce qui signifie « chef d’un groupe » dans la région. Alors qu’il était avec son groupe lors d’un petit banquet, il manifesta sa résolution de partir, peut-être en buvant du saké blanchâtre.

Les Sakimori-no Kotori-zukasa (防人部領使), qui assistaient à ce banquet, retranscrivirent son poème, et les hommes venant de la même région le suivirent.


Mais ses adieux laissaient paraître un sentiment de tristesse, et en disant « À partir d’aujourd’hui », il se forçait justement à oublier son angoisse à partir de ce jour-là.

Au Japon, au moment de la Seconde Guerre mondiale, les poèmes du Manyōshū exprimant la bravoure furent utilisés pour remonter le moral des Japonais.

Mais la réalité des Sakimori était bien différente de ce que racontaient les militaristes de l’ère Shōwa (昭和).

La prochaine fois, je vous présenterai d’autres poèmes de Sakimori.

 

 

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Pourrait-il rentrer chez sa mère ?









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