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萬葉集18  Le Manyōshū en français

  • tontonhouse1955
  • 10月14日
  • 読了時間: 6分

Si vous voulez bien, je vous conseille de lire les originaux à haute voix.

Traduction:Hiroko H.

Correction : Erika T.

Photographies : Osamu K.

Illustrations : Ichibei I.

 

防人の歌② poèmes de Sakimori②

 

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Il a vu le visage de sa femme dans l’eau

 


20‐4322   若倭部 身麻呂 (Wakayamato-bé-no Mimaro)

遠江の国 (originaire de Totsuōmi)

 

Original

Waga tsuma(妻)wa itaku koi rashi

Nomu mizu ni kago sae mie te

Yoni wasurare zu

 

Traduction

J’imagine que je manque beaucoup à ma femme,

car j’ai vu son visage dans l’eau que je venais tout juste de boire.

Moi aussi, je ne pourrai pas l’oublier (elle me manque aussi).

 

邦訳

妻は今、私をひどく恋しがっているだろう

私の飲もうとする水に 彼女の面影さえ見えるのだから

私も妻を忘れられない(私も妻がいなくて悲しい)

 

Explications

Mimaro a écrit que sa femme devait penser à lui, car son visage lui était apparu à la surface de l’eau. C’est sans doute difficile à comprendre aujourd’hui, mais à cette époque, lorsque l’on avait des illusions ou que l’on rêvait de quelqu’un, on croyait que cette personne pensait à nous. Ainsi, l’amour venait à notre rencontre.

 

Si Mimaro est né en « Mi-doshi(巳年), l’année du serpent », il avait alors 27 ans en 755.

Ils formaient sûrement un jeune couple inséparable, mais il dut la quitter sur l’ordre de l’empereur. Quelle tristesse pour eux.



 

20-4327   物部古麻呂 (Monono-be‐no Komaro)

             遠江の国 (originaire de Totsuōmi)

 

Original

Waga tsuma(妻)mo

E ni kaki tora n izuma moga

Tabi yuku are wa mi tutu sinoha mu

 

Traduction

(À mon départ pour le service de sakimori)

Si seulement on m’avait accordé un peu de temps pour dessiner le visage de ma femme,

je pourrais le regarder en chemin et penser à elle.

 

邦訳

(防人に行く日)

妻の姿を絵に描くための、ほんの少しの時間が欲しい、

旅の途中 私はそれを見て 妻をしのぶだろうに

 

Explications

Monono-bé-no Komaro voulait garder le dessin de sa femme pour se consoler en chemin, mais il n’avait pas eu le temps de la dessiner. En effet, lors de leur départ, les Sakimori furent pressés par le fonctionnaire Sakimori-no Kotori-zukasa (防人部領使), qui devait les rassembler et les emmener immédiatement à Naniwa. C’est vraiment dommage.

 

Ce poème était très apprécié et c’est le seul poème du Manyōshū où le poète exprime le désir de dessiner sa femme. On considérait que c’était un geste à la fois gentil et raffiné.

 

Cet épisode rappelle une histoire de l’anthologie chinoise de l’époque de la dynastie Han (漢), appelée Zei-én (説苑).

 

« Le roi Sai-ou (斉王), très autoritaire, forçait son peuple à travailler sans arrêt pour construire son palais. Un jeune peintre nommé Kei-kun en décora l’intérieur. Il voulait voir sa femme mais ne pouvait pas rentrer chez lui. Il dessina alors sa femme et s’adressait à elle par le portrait pour se sentir moins triste. Quel pauvre homme ! »

 

Le rédacteur du Zei-én disait que les hommes de pouvoir ne devaient pas donner d’ordres aussi durs.

 

Ce livre, Zei-én, avait déjà été lu par les Japonais instruits au VIIIᵉ siècle, et Mononobé-no Komaro connaissait probablement cette histoire. C’était sûrement un homme cultivé.

 


 

20-4343   玉作部広目 (Tamatukuri-bé-no Hiromé)

             駿河の国 (originaire de Suruga)


Original

Waro tabi wa tabi to omeho do

Ié ni shite ko(子) mechi yasu ran

Waga mi(妻) kanashi mo


Traduction

J’accepte ce voyage comme mon destin.

Mais ma femme, ayez pitié d’elle !

Serrant notre bébé contre sa poitrine,

je la vois déjà seule à la maison, épuisée.


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邦訳

俺は俺の定め(運命)としてこの旅を受け入れよう

だが俺の妻、彼女がかわいそうだ!

赤ん坊を胸に抱きながら

家にただ一人 やつれているだろう

 

Explication

Tamatukuri-bé-no Hiromé se résignait à son sort, mais se faisait du souci pour sa femme et son enfant, qui devaient rester seuls à la maison. D’après son nom, on imagine qu’il était un artisan de perles et qu’il soutenait sa famille.

Et sans lui, sa femme se retrouverait sans doute dans la misère !

« Sera-elle vivante quand je rentrerai chez nous ? »

Les inquiétudes au sujet de sa famille dévoraient Hiromé.  


 


20-4344   商長首麻呂 (Aki-no osa-no Obitomaro)

             駿河の国 (originaire de Suruga)

 

Original

Wasura mu te

No yuki yama yuki ware kure do

Waga chichi-haha(父母)wa wasure senu kamo

 

Traduction

Pour les oublier, j’ai traversé montagnes et vallées,

mais, aussi loin que je sois, je ne peux m’empêcher de penser

à ma chère mère et à mon cher père ! (Je veux les voir.)

 

邦訳

忘れてしまおうと野越え山越えやってきたが

(どんなに遠くに来ても)思わずにはいられない

懐かしいおっかさん、おとっつあん!(会いたい)

 

Explications

Obitomaro est sans doute un jeune homme plein de vivacité. Il a peut-être eu une enfance heureuse avec sa famille et a écrit à cœur ouvert son amour pour ses parents.

Mais le cours de sa vie a été interrompu tout à coup par cet ordre d’appel.

Comme ses parents devaient s’inquiéter pour leur fils !

Pourra-t-il rentrer chez eux trois ans plus tard ? On ne le saura jamais.



 

20-4346   丈部稲麻呂 (Hasetuka-bé-no Inamaro)

             駿河の国 (originaire de Suruga)

 

Original

Chichi-haha(父母)ga

Kashira kakinade saku(幸く)are te

Ihishi ketoba ze wasure kane turu


Traduction

(À mon départ)

Mes parents ont caressé mes cheveux et m’ont dit :

« Rentre sain et sauf » (ils ont prié pour mon retour).

Leurs paroles et leurs gestes restent gravés en moi.

 

邦訳

(出発の日)

父母は俺の頭をなでて言った

「無事に帰ってくるように」(俺のために祈った)

その言葉もしぐさも、忘れられない

 

Explication  

Ce poème est très connu, car il est enseigné au collège au Japon.

Inamaro était probablement un jeune homme. Ses parents caressaient ses cheveux en priant pour son retour sain et sauf, peut-être en pleurant.

Inamaro gardait leurs paroles à l’esprit pendant le voyage, et leurs images se présentaient à ses yeux.

Ce poème était écrit dans un dialecte fort, mais le rédacteur Ōtomo-no Yakamochi(大伴家持)ne l’a pas corrigé, car il respectait la simplicité de l’original.



 

20-4347   日下部使主三中 父 (le père de Kusaka-bé-no-omi Minaka)

             上総の国 (originaire de Kamitsufusa)

 

Original

Ie ni shite koi tutu ara zu wa

Na ga hakeru tachi ni nari te mo

Iwai te shi kamo

 

Traduction

Je veux devenir le sabre que tu portes

Et te protéger à chaque instant.

C’est mieux que de rester à la maison et souffrir de soucis.

 

邦訳

父は お前の身に付けたその太刀になって

いつもお前を守ってやりたいのだ

その方がましだ、家に残り心配のあまり苦しむよりは。


 

 

20-4348   日下部使主三中(Kusaka-bé-no-omi Minaka)

             上総の国 (originaire de Kamitsufusa)

 

Original

Tarachine no haha(母)wo wakare te

Makoto ware

Tabi no kariho ni yasuku nemu kamo

 

Traduction

(Vers sa mère désemparée)

Ah, mère, pourrai-je vraiment dormir pendant les nuits du voyage,

loin de toi ! (Je me fais du souci pour toi, ma chère mère !)


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邦訳

(悲しみで取り乱している母親に向かって)

ああ、母さん、俺はほんとうに旅の夜、眠れるだろうか、

母さんと遠く離れて!(俺は母さんを心配してるよ)


Explications

Le père de Kusakabé-no Minaka a écrit le poème 4327, le seul poème écrit par un père dans le Manyōshū. Il souhaitait partir avec Minaka en se transformant en sabre pour protéger ainsi son fils.

Quant à Minaka, lui, consolait sa mère en disant qu’il ne pourrait pas bien dormir loin d’elle. « Tarachine-no haha (垂乳根の母) » signifie « la mère qui lui avait donné le sein ».

 

À propos, il existe le poème du père, mais celui de la mère n’a pas été retrouvé.

A-t-il simplement été rejeté par le rédacteur ?

Je pense que non. Je crois en fait que la mère était trop effondrée pour écrire un poème à ce moment-là.

 

Informations

Au Japon, à l’époque du royaume de Yamato(大和朝廷)au VIIᵉ siècle, de nombreuses personnes assujetties travaillaient pour la famille impériale ou pour de puissants seigneurs.

Selon leurs compétences professionnelles, elles étaient regroupées et désignées par le nom de leurs tâches.

La terminaison en « --bé »(部)de ces noms indiquait alors la catégorie de métier de ces groupes.

Parfois, on leur attribuait également le nom de leurs maîtres.

 

Par exemple, un Sakimori s’appelait « Tamatukuri-bé-no Hiromé(玉作部広目) ».

« Tama » signifie une perle de jade, de corail, etc. Il est donc possible qu’il ait été un artisan fabriquant des perles pour des bijoux.

 

Un deuxième exemple montre des noms venant de leurs maîtres : Ōtomo-bé(大伴部), Soga-bé(蘇我部), Nakatomi-bé(中臣部)et Fujiwara-bé(藤原部).

Ce régime s’appelait « le système de bé-min (部民制度) ».

 

Cependant, en 645, l’empereur Tenchi(天智天皇)abolit ce système, et presque tous les assujettis furent affranchis pour devenir des cultivateurs propriétaires.

 

Vous vous demandez peut-être pourquoi, en 755, de nombreux Sakimori portaient encore des noms en «-bé » ?

C’est parce que les paysans venant des régions éloignées de l’est utilisaient encore ces anciens noms.

 

Je vous présenterai encore d’autres poèmes de Sakimori la prochaine fois.

 
 
 

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