萬葉集19 Le Manyōshū en français
- tontonhouse1955
- 11月6日
- 読了時間: 6分
Si vous voulez bien, je vous conseille de lire les originaux à haute voix.
Traduction:Hiroko H.
Correction : Erika T.
Photographies : Osamu K.
Illustrations : Ichibei I.
防人の歌③ poèmes de Sakimori
20-4401 他田舎人大島 (Osata-no toneri Oshima)
信濃の国 (originaire de Shinano)

Original
Kara-koromo suso ni toritsuki naku ko(子)ra wo
Okite so ki nu ya
Omo(母)nashi ni site
Traduction
(Ah, mes pauvres enfants, lors de mon départ,)
ils se sont cramponnés à mes vêtements en pleurant.
Mais j’ai dû les laisser derrière, à la maison !
Eux qui avaient déjà perdu leur mère...
(Que deviendront-ils sans moi ?)
邦訳
(ああ、かわいそうな子らよ、出発のとき)
私の衣の裾にすがりついて泣いていたが
私は彼らを 家に置き去りにして来たのだ!
あの子らには、もう 母もいないというのに
(私なしに子どもらは、どうなってしまうのだろう?)
Explications
Ōsata-no toneri Ōshima était veuf et élevait seul ses jeunes enfants, mais il ne pouvait pas refuser de partir accomplir le service des sakimori.
« Okite so ki nu ya ! » est habituellement écrit « Okite so ki nuru ».
Cette expression relève d’une sorte de licence grammaticale et exprime alors une lamentation profonde.
On comprend qu’Ōshima ne pouvait pas dissimuler son angoisse, lui dont les enfants avaient déjà perdu leur mère.
Ce poème est l’un des plus tristes du Manyōshū.
Mais moi, ce qui m’indigne, c’est plutôt le système même des sakimori.
20-4357 刑部直千国 (Osakabe-no atai Chikuni)
上総の国 (originaire de Kamitsufusa)
Original
Ashi-kaki no kumato ni tachi te
Waghimoko ga
Sode mo shiooni naki shi so mowayu
Traduction
(À mon départ pour le service de sakimori)Derrière la haie de roseaux, ma femme pleurait en secret.Ses manches étaient trempées de larmes,et je pense toujours à elle.
仏訳の邦訳
(私の防人の旅立ちの日)
葦の垣根の陰に隠れて妻がひっそり泣いていた
袖は涙ですっかり濡れて
その姿をいつも思い出す
Explications
La femme de Chikuni était en larmes, seule, craignant d’être vue.
Était-ce une jeune fille timide ? Ou bien une amoureuse secrète ?
Il se peut qu’il y ait eu certaines circonstances qui nous échappent aujourd’hui.
Chikuni pensait toujours à elle.
On trouve une réaction différente de la femme dans le poème 4358.
Dans d’autres poèmes, certaines se jetaient dans les bras de leurs maris, en criant des mots comme : « N’y va pas ! », par exemple.
Si les réactions des femmes étaient différentes, une chose est sûre : elles étaient toutes profondément tristes.
Elles se demandaient sans doute : « Pourra-t-il revenir vivant ? »
20-4365 物部道足 (Mononobe-no Michitari)
常陸の国 (originaire de Hitachi)
Original
Oshiteru ya Naniwa(難波) no tsu yuri funa yosoi
Are wa koghi nu to
Imo(妹)ni tughi koso
Traduction
Y a-t-il quelqu’un qui puisse faire savoir à ma femme :« Depuis le port de Naniwa, où brille le soleil couchant,votre mari est parti en mer. »(Mais je n’ai aucun moyen de le lui dire.)

邦訳
我が妻に伝えてくれる人はいないだろうか
« 夕陽輝く難波の港から
あなたの夫は船出して行った »と。
(でもそれを妻に知らせるすべもない)
20-4366 物部道足 (Mononobe-no Michitari)
常陸の国 (originaire de Hitachi)
Original
Hitachi(常陸)sashi yuka mu kari(雁)moga
Aga koi(恋)wo shirushi te tuke te
Imo(妹)ni sirase mu
Traduction
Pourvu qu’il y ait une oie sauvagequi s’envole vers Hitachi, mon pays natal !Je voudrais attacher une lettre d’amour à sa patteet la remettre à ma femme.
邦訳
私の故郷、常陸へ飛んで行く雁が一羽、いたらいいのになあ
その雁の脚に手紙を結びつけ
私の妻に届けたい

Explications
Le poète Monono-bé-no Michitari a laissé deux poèmes, 4365 et 4366.On y retrouve les mêmes lamentations dans les deux. Il était arrivé au port de Naniwa (難波) et voulait que quelqu’un prévienne sa femme de son départ pour Tsukushi (筑紫), mais il n’en avait aucun moyen.Il se rappela alors une vieille histoire chinoise : celle de « l’oie messagère » (雁のふみづかい).
Sobu (蘇武), un général chinois, avait été capturé par les Xiongnu (匈奴) en 100 avant Jésus-Christ, mais il n’obéit jamais à son ennemi et fut rigoureusement emprisonné.Un jour d’automne, il attacha une lettre à la patte d’une oie sauvage qui s’envola vers le sud, son pays natal. Il voulait faire savoir au roi de Han (漢) qu’il était encore vivant.Après dix-neuf ans d’emprisonnement, il revint vivant et devint un héros national.
Monono-bé-no Michitari, homme instruit, connaissait sans doute cette vieille histoire chinoise.Il priait pour pouvoir revenir chez lui vivant, comme le général Sobu.
20-4372 倭文部可良麻呂 (Shitoribé-no Karamaro)
常陸の国 (originaire de Hitachi)
Original
Ashigara(足柄)no Misaka tamawari
Kaeri mi zu are wa kue yuku
Arashi-wo mo tachi ya habakaru
Fuwa-no seki(不破関)kue te wa wa yuku
Muma-no tume Tsukushi(筑紫)no saki ni
Chimari ite ware wa iwawa mu
Moromoro wa sakeku(幸く)to maosu
Kaeri ku made ni
Traduction
Comme le dieu du mont Ashigara me permet de passer,je vais franchir la montagne courageusement.Puis, je traverserai le col de Fuwa-no-seki,où même les plus braves hésitent à aller.J’arriverai ensuite au cap de Tsukushi,et j’y resterai pour prier pour tout le monde,afin qu’ils se portent bien jusqu’à mon retour.
邦訳
足柄の神にお許しをいただいて
俺は元気よく山を越えていく
勇者でさえ行くのがためらわれる
不破の関を超えてなおも俺は行く
そして筑紫の岬につき
そこでとどまり、俺は祈ろう
皆みなが元気でいてくれよと
俺が帰ってくるまでは。
Informations
① Le mont Ashigara est situé à la limite des provinces de l’est, Suruga et Sagami. Il culmine à 759 m, et sa perspective depuis le mont Fuji est très belle ! La légende dit qu’un ancien dieu réside dans la montagne et que, lorsqu’on la gravit, on prie et on demande sa permission de passer.
② « Shitoribé » désigne un groupe d’artisans qui fabriquaient du tissu japonais. Karamaro était probablement un artisan du tissage.
ExplicationsLe poème 4372 est un chōka (poème long) et c’est le seul parmi les poèmes des sakimori.Karamaro venait de Hitachi (常陸), sûrement le lieu le plus éloigné de Tsukushi (筑紫).Il passa le mont Ashigara (足柄山), la barrière de Fuwa (不和の関) et le port de Naniwa (難波) pour se rendre à Tsukushi, une distance totale de 1 153 km.
Ce poème décrit ses adieux aux villageois de son pays lors de son départ. Il y exprime non seulement son courage et une attitude positive, mais il prie également pour le bonheur de tous et pour sa propre sécurité.

4377 津守宿祢小黒栖 (Tsumori-no suku Ogurosu)
下野の国 (originaire de Shimotuké)
Original
Haha-tozi mo tama ni mo gamo ya
Itadaki te
Mizura no naka ni aémaka maku mo
Traduction
J’aurais voulu que ma mère fût une perle d’ornement.Alors, j’aurais pu l’attacher à mes cheveux, tressés en mizura.(Ainsi, elle serait toujours restée avec moi.)
邦訳
母上が、飾りの玉であったらいいのになあ
そしたらその玉を みずらに結った私の髪に 編み込んでいくのにな
(そしたら母上とずっと一緒にいられるのに)
Explication
Le mizura était le nom de la coiffure des hommes japonais : on portait la raie au milieu et on arrangeait les cheveux autour des oreilles.Au VIIIᵉ siècle, cette coiffure était démodée dans la capitale, mais on sait que les sakimori la portaient encore et y glissaient des perles d’ornement.
Le souhait d’Ogurosu que sa mère se transforme en perle afin de rester ensemble était bien sûr un vœu irréalisable.Il a dit cela pour distraire sa mère de son chagrin.
20-4384 他田日奉直得大理 (Osata-no himaturi-no-atai Tokotari)
下総の国 (originaire de Shimotsufusa)
Original
Akatoki no kawatare-doki ni
Shima kage wo kogini shi fune no
Taduki sirazu mo
Traduction
Avant le lever du jour, dans la pénombre,un bateau est parti et a disparu derrière une île.Je ne sais pas où il se trouve à présent.
邦訳
暁の薄暗さの中で
一艘の船が島陰から出ていった
今はどこにいるのか知るすべもない
Explications
« Osata-no-himaturi-no Tokotari » : Osata signifie bé-min de l’empereur Bidatsu (敏達天皇), et himatsuri désigne une prêtresse shinto du soleil. Il portait un nom très ancien.
Un jour, au petit matin, au port de Naniwa, il regardait partir un bateau emportant des sakimori. Lui aussi était un sakimori de Shimofusa (下総 — aujourd’hui Ibaraki et Chiba).
Il s’inquiétait, car la prochaine fois, ce serait à son tour de prendre le bateau, et il ne savait pas du tout quelle vie l’attendrait à Tsukushi.
« Pourrai-je vraiment revenir vivant ? » se demandait-il, immobile sur la plage.
Je vous présenterai des poèmes de sakimori la prochaine fois, mais ce sera la dernière fois avant de continuer sur un autre thème.
Otomo no Yakamochi




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